Le Chateau
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LE CHÂTEAU DE MA MÈRE

La tour rue Madeleine à Cognac
Toujours avec mes cousins, Jean et Guy Jaulin, les fils de la Tante Germaine la soeur aînée de maman. Le " CHÂTEAU " était pour nous, gais lurons, un " monument " de découvertes fantastiques. La tour, par laquelle on accédait par un escalier en colimaçon qui n'en finissait plus. A sa gauche et à sa droite, les chambres de gardes. Dans l 'une on découvrait un jeu de croquet tout neuf, dans l'autre des tenues militaires insolites. Puis on arrivait enfin sur le plateau de la Tour. Grand, r rectangulaire ,entouré de créneaux au dessus desquels nos têtes d'enfant S. dépassaient à peine. Mais quel spectacle ! Nous dominions tout Cognac, et la campagne à l'infini. Et l'histoire disait quine sous - terrain débouchant hors de la ville en pleine campagne, permettait aux châtelains assiégés de s'échapper. Nous redescendions ensuite jusque dans les caves, aux nombre de trois. La plus profonde, hérissée de piques acérées, servait aux seigneurs voulant se débarrasser de sujets indésirables. C'était vraiment impressionnant ! Située sous la salle à manger, au moment choisi, une trappe actionnée du pied par le maître de céans, basculait entraînant l' invité pendant qu'il savourait le festin auquel i l avait été convié. La deuxième cave était réservée aux vins des meilleurs crus et grands millésimes. La moins profonde était le grand domaine réservé aux cuisines. Les jour de festivités , nous ne rations pas le plaisir d'aller voir rôtir plusieurs poulets enfilés sur un énorme tournebroche dans l'âtre flamboyant. Actionné à la main nous prenions chacun notre tour ; pour tourner la manivelle ,ou arroser les volailles du contenu de la " lèchefrite " Pendant ce temps la cuisinière plutôt obèse, pouvait prendre tout son temps pour goûter avec des yeux brillants toutes les bons plats prévus. Le grenier aussi et ait très attirant, avec sa réserve de meubles antiques , accessoires de toutes sortes et des plus curieux, malle contenant des trésors pour les déguisements . Pour moi, ayant déjà la passion du cheval, et une préférence pour les jeux de garçon, les chevaux jupons évoquant les tournois sous

Redescendons dans le jardin. A droite du porche et de l'entrée principale se trouvait une grande aile contenant tous les bureaux de mon grand' père. Au centre la " Grande Entrée " Comme je l'ai dit plus haut on y accédait par plusieurs belles marches A droite se trouvait le grand salon. En face, ce qu'on appelait " LES LIEUX " , ( les W.C d'autrefois ) . L' escalier pour monter aux étages, et la salle à Manger qui, vu mon jeune âge, me paraissait immense. Au milieu se trouvait la grande table et au fond la vaste cheminée sur laquelle en son milieu trônait un énorme bouquet de " plumets blancs cueillis aux roseaux du jardin qui me fascinaient chaque fois que j'entrais dans la pièce.

Derrière se trouvait l 'escalier secret , montant vers des chambres , elles aussi privées, permettant de s' isoler des opportuns. Donnant sur le jardin le petit salon de mon grand père. Je me souviens d'une tête de zouave en plâtre peint, souvenir de guerre que je trouvais horrible . A côté de cette petite pièce, chose extraordinaire à cette époque, une grande salle de bain! Tous ces souvenirs sont présent dans ma tête comme un film se déroulant devant mes yeux. Tout était si plein de mystère dans cette grande bâtisse !

Moi qui à l'heure actuelle n' ais plus d'odorat, ( séquelle de mon grave accident ) je sens encore l es très particulières odeurs qui pénétraient dans les narines en chaque lieu, à chaque instant, et à toute heure du jour où de la nuit.

Et puis c'était le retour au " bercail " en l'occurrence en notre nouveau patelin. " SERVES "

 

 

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Je suis une petite fille aux boucles blondes, née à Cognac chez ma grand'mère Marie D'AUMONT, dans le château de Javrezac le 4 avril 1914 . Mes Parents habitent SEVRES 24,rue Henry Régnau, face à l' ECOLE NORMALE .Avenue plantée d ' arbres jusqu'à BELLE - VUE à 20 mètres, au -rez-de-chaussée d'une villa de trois étages avec jardin. Le petit t pavillon du concierge se trouve à droite de la grille d'entrée.

En pleine guerre pendant le trajet Sevres Cognac le train est bombardé. Plus de peur que de mal ! Ma mère Grosse de neuf mois arrive " en pleine forme " pour accoucher.

J'ai maintenant deux ans, C'est la GUERRE, mon Papa, encore Suédois, n’est pas mobilisé. Il travaille chez " Renault mais a perdu sa place. Pour nous faire " vivre " Maman et moi, il a imaginé de construire lui-même un taxi avec des pièces de voitures récupérées de ci et de là.. Mais ce n' est pas suffisant, il faut aussi apprendre le plan de PARIS, le connaître à la perfection. Papa s'y met courageusement. - De la fenêtre de la cuisine, nous dominons tout Paris. Pendant les alertes, au lieu d'aller nous réfugier dans les caves de la Mairie comme tout le monde, mon Père éteint toutes les lumières, me drape dans un grand plaid, et dans ses bras j'assiste à un spectacle terrible, fantastique inoubliable. Une " SAUCISSE " reliée à un câbles nous garde..... Tout Paris est embrasé. Les feux de DCA se croisent et s'entrecroisent pourchassant les avions ennemies, les abattant souvent en un bruit assourdissant dans un nuage de fumée et de flamme. Je suis si jeune, que ces horreurs me glacent de peur mais ... me ravissent! Souvent Papa fait des courses de nuit; Je revois encore maman, arpentant les pièces de long en large folle d'inquiétude. Il faut dire que mon père non seulement t doit braver les bombardements, mais aussi l es malfaiteurs voulant l' assassiner. Une certaine nuit particulièrement claire, il vit l'ombre du gars le couteau à la main prêt à l'égorger.- Il y eut aussi des circonstances particulièrement cocasses. Un jour une Tante de maman plutôt snob et "collet - monté," se pointa là la maison pour le déjeuner. Papa était là, attendant avec impatience son départ, quand elle dit " tient ! Il y a juste un taxi devant la porte, je vais le prendre pour aller à la gare ". Mes parents ne voulant pas avouer ( on se demande bien pourquoi ) leur situation ne savaient plus "où se mettre ".

Maman a souvent des prémonitions protectrices. Tous les jours elle me fait jouer à Belle - Vue, s’asseyant toujours sur le même bANC. Un après midi, sans aucune raison et malgré mes gèrèmiades et un beau soleil, pas moyen d e la faire sortir. Le lendemain, ...à notre place habituelle. ....un énorme cratère de plusieurs mètres de diamètre et d' épaisseur ! j' en ai encore la chair de poule.

Mon Père de temps en temps nous fait partir pour Cognac ,afin d' y trouver peut- être ,un peu plus de calme. Mais ça ne rate jamais, notre train est toujours bombardé ! À la grande frayeur de maman.

Pour moi aller , rue MAGDELEINE est un grand plaisir .Tout d'abord, l' arrivée en calèche attelée de deux chevaux fringants dont les fers , glissant sur les vieux pavés, font jaillir des étincelles. Nous arrêtons devant la lourde porte cochère à deux battants en chêne massif , décorée en son centre d'un lourd anneau en fer forgé. A droite, dans l' angle supérieur la GARGOUILLE - Une tête de vieillard artistiquement sculptée, plus grande que nature, crache l' eau de pluie accumulée dans les gouttières. Le cocher hèle le domestique qui nous ouvre. Nous descendons sous un large porche pouvant nous abriter de la pluie. Le Château se trouve en face faisant angle avec sa belle et grande tour rectangulaire en son centre. L'entrée se trouve là avec quelques marches à gravir. Mais ce qui surprend le plus c'est " la gloire de ma Grand-Mère " un énorme bouquet de bambous de belle taille, assez exceptionnelle dans ce climat des Charente. Les troncs sont si épais, que nous aimons , mes cousins et moi, nous y perdre en jouant aux explorateurs.. Il y a aussi un bassin fait de rochers artistiquement disposés. Malheureusement, mes sacripants de cousins trouvent un malin plaisir à pêcher les plus beaux spécimen de poissons qui évoluent avec grâce au milieu d 'algues aux couleurs irisées et changeantes.

 

J'en pleure de rage !