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LES VACANCES

Nous étions cette année là en 1920 . Maman était grosse et m'annonça que la famille allait bientôt s'agrandir.

Tony avait trois ans, moi six, tous deux très ignorants du miracle concernant une naissance. Papa retint alors deux chambres à l' " HÔTEL DE L'OCÉAN " à Royan afin de nous éloigner au moment de l'accouchement.

C'était au mois de Juin, il faisait déjà chaud. Papa n'ayant pas tellement l'habitude des enfants nous acheta pour préserver nos petites têtes des ardeurs du soleil, des polos en laine grattée - rouge. c'était facile pour nous voir de loin, mais difficile à supporter. Il y avait heureusement sur la plage, de nombreuses distractions pour nous faire oublier nos soucis. Les bains naturellement, les constructions avec le sable mouillé à marée basse, mais surtout les promenade à âne. J' étais alors déchaînée et forçais ma monture malgré son désir de passivité . Un jour, une guêpe piqua le bourricot de Tony . Surprise douloureusement, la bête essaya de se rouler sur le sable oubliant complètement son cavalier.Nous avons eu très peur mais un bon " sucre d'orge " fit oublier tout ça.

Au retour, Maman était encore alitée, heureuse de nous revoir, inquiète d'avoir à nous montrer deux minuscules bébés chacun perdu dans une des poches latérales du tablier que portait la soeur soignante, vacant allègrement à ses occupations. C'était vraiment impressionnant de voir ces si petits êtres. La chemise de ma plus petite poupée leur descendait au dessous du ventre! Les premières années furent difficiles, Quand maman les promenait; les gens toujours si pleins de tact, les regardaient tristement en disant " les pauvres petits ".A près de trois ans ils ne marchaient pas encore. Ayant entendu parler des bienfaits des bains de boue iodés d' une petite station balnéaire près de Rochefort appelée FOURAS.

C'est là, que se passèrent nos première vacances. Papa nous y louait une petite maison meublée , pendant qu'il restait " bosser " à Tonnay-Charente. A marée basse, nous aimions plonger nos bras jusqu'aux épaules dans cette affreuse boue noire pour en retirer des coquillages plats et bleutés nommés lavagnons Après une première cure les petits " avortons " remontèrent la pente.Par la suite grâce aux soins attentifs et l' amour d' une mère exceptionnelle, ils devinrent tout à faits normaux , costauds et sportifs.