Cote des Art-Mars 80

La peinture d' Elsa Desportes ?

Une orchestration mouvementée des lignes

et des tons vibrants.

par Paul Brémond

Par qu' elle modestie exagèrée cette véritable artiste se cache-t-elle ?

elle a cueilli lors de ses érudes aux Beaux-Arts, à Alger,à Stockholm, à Paris, des brassées de diplômes, elle a glané plus de 40 médailles en France et à l' étranger ( de Viochy à Toulon, de New-York à Nice, du Canada à Monaco, de Lille à Clamart et ...Elle vit tranquillement à Marseille, luttant courageusement contre les conséquences d'un accident survenu en 1969, contre la solitude dûe à la mort de son époux en 1971. Elle fait face à son destin, après les vicissitudes qui l'ont menée de son lieu de naîssance, Cognac, à Alger, en Suède, à Paris.

Ayant surmonté ses épreuves, elle peut dire comme Beethoven dans son testament d' Heligenstadt : l' Art m' a soutenue ! L' Art qu'elle pratique depuis quarante ans, l' Art qu'elle enseigne aux jeunes marseillais : à l' A.E.P. du Canet, au centre Milan St Giniez, Au Centre Hopkinson , à l' Ecole nouvelle. Heureux élèves d'avoir un professeur qui prêche l' exemple par la rigueur du dessin, par la vigueur de la peinture ! par la conscience de l' esthète pur !

Il a fallu le grand prix de Peinture du Salon du cheval à Marseille en 1978 pour que le projecteur de la notoriété Internationale se braque sur

Elsa Desportes

Jusque là , nous ne l' avions vue que rarement en des expositions de groupes et nous avion repèré sa facture personnelle : du figuratif transposé par une forte personnalité, un véritable souci des valeurs et des éclairages, un sens étonamment vivant du mouvement. le " mouvement " il est dans ces chevaux au galop, vus de face, dont les crinières sont de flammes blanches, dont les naseaux frémissent au vent de la vitesse.

On a dit du cheval qu'il etait " la plus noble conquête de l'homme ". Après avoir vu les toiles qu' Elsa Desportes lui a consacrées, je dis qu' il est la plus noble conquête de la peinture ! Nous avons vu dans l' atelier d' Elsa Desportes un moyen format intitulé " Tiercé " où les trois chevaux en robe claire ont un tel envol dans le fond vert pommelé, leur flou donne une telle image de rapidité que c' est là une vision apparentée au fantastique ,

une chevauchée des Walkyries scandée par une musique de Wagner. Là, le peintre s' inscrit en faux contre Lamartine qui écrivit naïvement " l' oeil voit plus loin que ce que la main peut exprimer." Sa main a su nous montrer plus loin que ce que voit notre oeil! Là, nous avons vu l' effort suprême du cheval l'exaltation de la course, sa sublimation en quelque sorte.

L' Art d' Elsa Desportes s' étend à tous les sujets, les paysages figuratifs sont traités par masses équilibrées, l' éclairage découpant ces masses avec une science totale. Nous avons aimé cette vue de " Stocholm la nuit " avec ces façades de briques rouges, ces toitures,en ciuvre foncé luisant étrangement sous cette indécise lumière au pays du soleil de minuit. Même admirable science des éclairages dans cette vue de Monaco où le château , seul éclairé, se détache sur une masse de verdure sombre. Quelle connaissance profonde de l'anatomie dans ce portrait de gitan, dans cette " fête du bouquet à Arles " montrant des arlèses en costumes hiératiques, dans une clarté bleutée, nuancée de rose exquis ! Une vigueur toute virile se déploie dans une scène de tauromachie fortement colorée. Seule toile réaliste : une pêcheur algérien au bonnet rouge tenant des poissons, criants de vérité, fantaisie de l' artiste qui veut prouver sa maîtrise manuelle mais qui rend bien compte que ce n' est pas là le but de l' Art. Une vue de " Bandol " éminemment décorative a fait le tour du monde avec une exposition itinérante d' oeuvres sévèrement sélectionnées pour donner une idée juste de notre peinture française, contemporaine. " Le miroir aux oiseaux " de Martigues est traité avec le même souci d' éloigner le poncif commercial... et il demeure plaisant, attachant même car le paysage est spiritualisé par cette lumière jaune supra-terreste qui baigne tout. Nous admirons encore dans cet atelier de l' avenue Cantini une tête de christ qui est une maquette de vitrail ne devant rien à Rouault, et aussi ce paysage de Colombières sur Orb au clocher chargé de mystère, Le village de Port-Grimaud peint au couteau, aux cernes noirs savamment tracés. Nous comprenons pourquoi des toiles d' Elsa Desportes sont chez les plus grands collexctionneurs de Fance et d' Amérique, pourquoi deuxMusee Français en possèdent. Qu' attend Marseille pour rendre hommage à un talent aussi tangiblement hors du commun ?

Paul Bremond


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