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Retour à Sèvres.
Après des adieux touchants à toute la maisonnée, nous voici à nouveau sur le " tuf-tuf " à vapeur . Et sa recommence! Nous sommes à tel point bombardés que le conducteur décide de faire descendre les voyageurs. Sous la mitraille nous atteignons péniblement l a ferme la plus proche et, sous les murs épais, nous désaltérant de bon lait frais et chaud nous attendons de pouvoir repartir. Nous arrivons enfin, nous tombons dans les bras d e papa tous très émus, et la vie continue..... J' ai maintenant quatre ans et des poussières et TONY, mon petit frère, quelque mois, Nous sommes SUEDOIS tous les trois car, pour épouser mon Père, ma Mère a dû prendre la nationalité suédoise. La Suède restant NEUTRE mais sur ses garde, Papa reçut un jour du Roi un laisser passer pour rejoindre son pays d'origine, avec femme et enfants en traversant l'Allemagne et tous les pays ennemies ! Maman v tenant de s'apercevoir qu' elle était enceinte, avec deux enfants en bas âge, paniqua . Et fit les pires choses pour avorter. Le temps passait, n' y arrivant pas elle eu recours à une sage-femme ; le fétus vint mais en traîna avec lui la descente d'un rein. Ce fut pour ma pauvre maman le début d'un véritable calvaire. Toujours prêts à partir la vie continue, les alertes aussi. Et puis le temps passe . Je grandis, je vais avoir 5 ans et voudrais aller à l'école comme les grande filles. Déjà ingénieuse, je me construis un cartable avec de vieux cartons et me voilà partie, le nez au vent,. Je marche, je marche, tourne des coins de rues, et me voilà perdue, je ne panique pas encore mais suis quand même inquiète. Enfin arrive affolée ma pauvre maman qui ne sais ni ,si elle doit se fâcher, rire ou pleurer, me battre ou m'embrasser . Nous ne partons pas mais devons déménager. Papa se trouve encore sans travail, mais finit par en trouver chez un négociant en spirituerux, à TONNAY- CHARENTE ( charente maritime ) . Par une rue étroite nous arrivons devant l'entrée de notre nouvelle demeure. Nous montons deux marches, une petite porte vétuste s'ouvre sur un long couloir. A droite, l'escalier de bois montant à l'étage où se trouvent les chambres, et toujours à droite après l'escalier , le bureau . A gauche la salle à manger et le salon. s'ouvrant sur une courette cimentée. et à droite de cette courette l a cuisine , assez grande . Au centre on entrait dans le jardin sur une longue allée aboutissant à un ruisselet. Et de chaque côté des arbres fruitiers pommiers, mruniers ,poiriers etc. Papa, toujours très pratique, organisa un potager, avec plantations de toutes sortes. je sens encore l'odeur si spéciale des tomates fraîchement cueillies.Il n'oublia cependant pas les fleurs qui égayaient toujours chaque pièce, de leurs coloris toujours si bien assortis. L' éclairage se résumait par les lampes à pétrole et les bougies. Quand on n'est pas habitué à autre chose on s'en accommode très bien. Pas non plus de télé, mais un phono à " rouleau " et , grand luxe un piano, animé le soir par papa ou maman. Notre premier engin motorisé : un " side-car " Maman et moi calées dans une sorte de panière latérale papa sur une moto avec un guidon démesurément long. Ensuite arriva l a FORD, haute sur ses roues minces à rayons. Nous y étions assis avec le corps dépassant de beaucoup les portières, quand j'en revoie les photos je n'en crois pas mes yeux. Le garage se trouvait dans une vieille garage, e t nous sortions par un vieux portail à deux battants fermé par de lourdes barres de fer rouillé. Se sont ces barres qui me servait à faire des rétablissements si compliqués, qu'un jour il m'a fallu appeler maman pour le désentortiller. Il y avait aussi un vieil omnibus carrosserie de vieux bois bleu écaillé, appuyé sur ses brancards. C'est là que nous allions tony et moi, nous amuser à faire ,fouette cocher et aussi à y pisser, je me demande pourquoi! - le jardin se limitait là par une petite rivière et un petite cabane à outils . Dans un recoins une portion de terre m'était réservée et j'étais heureuse d'apporter mes légumes, radis, salades, pommes de terre, tomates ,et même des asperges. Je cultivais aussi quelques choux pour mes lapins. J' étais pleine de vie , on ventait toujours devant moi les garçons, et je me sentais très diminuée d'être " fille " . Alors je me rentrais les cheveux sous un bonnet et vêtue des vêtements de mon frère j' ai un jour de 14 juillet j'ai défilé avec mes lampions en tête de tous les garçons du village qui, me croyant des leurs mes parlaient comme à un des leurs. Ce fut pour moi un très beau jour , et je n'ai repris la jupe que vers l' âge de six ans. et pourtant j'étais très grande pour mon âge |
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