Elle vous assurait de son indéfectible amitié comme elle aurait dit : il
fera beau demain..
Mais la météo est si compliquée qu'on ne pouvait lui faire grief d'une
saute de vent, d'une saute d'humeur.
Elle disait : vous êtes mon grand ami. Ceci excluait qu'elle soit jamais
votre petite amie.
Elle était de celles qui disent : peut-être, je tâcherai, je ne sais
pas. Elle n'avait pas la mémoire des Non.
L'avenir n'étant à personne, et le sien encore moins, elle se méfiait
des lendemains qui chantent et peuvent amener la pluie. Par avance, elle se
refermait, n'offrant plus que sa coquille.
Il eut fallu, quand elle était bien disposée, lui faire signer du papier
timbré, bavarder avec elle devant un magnétoscope. Mais elle eut renié sa voix,
son seing, son coeur.
Il eut fallu la prendre au mot, mais les mots lui faisaient peur -
surtout les petits, surtout les doux - et on ne la prenait d'aucune manière,
même au sérieux.
Elle souriait, c'était sa façon de ne pas décider. Et le destin glissait
sur ce sourire en toile cirée.
Elle souriait de ses dents très blanches et elle ressemblait alors à une
affiche de publicité sans nom de produit, à une affiche de propagande sans
slogan. Ce sourire ne vantait pas un dentifrice mais une méthode : taisez-vous,
des oreilles amies vous écoutent..
Elle s'était fait une tactique de l'inconséquence. Elle entendait être
un feuilleton qui n'aurait jamais qu'un début.
Sa devise : A ne pas suivre.
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